mercredi 18 avril 2012

L'éco-responsabilité n'existe pas


C’est sûr, les déclarations d’intention sur le développement durable (DD) et la responsabilité sociétale de l’entreprise (RSE) ne manquent pas sur le marché Event & Meeting. Du côté des donneurs d’ordres, 59% disent tenir compte de ces questions (étude annuelle 2012 Bedouk/Coach Omnium). Chez les opérateurs, le collectif Éco-événement, composé des 7 principales associations de la filière, s’engage à promouvoir, depuis quelques années, une démarche éco-responsable et des événements éco-conçus.
Sur le terrain, la situation n’est pas aussi glorieuse et n’indique aucun signe positif.
Pour preuve, j’ai personnellement réalisé une étude à partir des compétitions auxquelles mes clients (agences, lieux, prestataires) ont participé sur l’année 2011, compétitions menées pour moitié par des entreprises et des collectivités territoriales. Sur 157 appels d’offres, seuls 13 dossiers (soit 8,3%) intégraient des questions sur la politique de DD et de RSE de leurs futurs fournisseurs. Sur ces 13 compétitions, 5 (soit 3,2% du total) avaient de véritables exigences, avec un questionnaire imposant et précis.

La démarche RSE n'est pas un critère de choix pour les donneurs d'ordres
La conclusion est claire : il n’y a pas, chez les donneurs d’ordres, de prise en compte généralisée du DD et de la RSE dans le choix des partenaires événementiels. L’étude Bedouk/Coach Omnium le confirme en relevant que la prise en compte environnementale par les prestataires MICE n’est que très rarement déterminant dans le choix d’un partenaire. Je me souviens d’ailleurs d’un leader mondial de la santé, prescripteurs d’un nombre important d’événements de tous genres, qui n’a pas mentionné, dans une compétition pour un référencement sur deux ans, la moindre question sur les démarches environnementales et sociales de son futur partenaire. Alors que l’entreprise s’est dotée en interne d’une charte parmi les plus exigeantes…
 Pour être tout à fait honnête, je dois vous faire part d’une donnée importante : plus le budget est important et/ou plus la collaboration est attendue longue, plus les demandes sur la DD et la RSE se font précises et engageantes. Les 5 compétitions sur les 157 qui posaient des questions précises, faisaient partie des 10 compétitions dont les budgets en jeu étaient les plus élevés... Allez, je suis sûr que les chevaliers verts, chantres de l’éco-responsabilité, se réjouiront de cette statistique !

Les opérateurs événementiels peu impliqués
Si les organisateurs d’événements ne considèrent clairement pas le DD et la RSE comme des critères de choix du partenaire événementiel, on ne peut pas dire que les opérateurs soient globalement plus impliqués, malgré Éco-événement. Certains intègrent bien dans leur offre un produit ou un service qu’ils disent éco-responsable. On est davantage dans l’opportunité et la communication que dans la démarche structurelle. J’en tiens pour preuve le taux très faible des opérateurs qui ont adopté un référentiel reconnu garant de leurs efforts. Combien d’agences, prestataires ou de lieux adhèrent aux ISO 9001 (qualité), 18001 (social), 14001 (environnement), voire 26000 (responsabilité sociétale de l’entreprise)* ? Hormis quelques palais des congrès, dont certains sont soumis à une rude concurrence internationale, combien de lieux, d’agences ou de prestataires se sont engagés dans cette voie ?

Pourquoi si peu d'acteurs certifiés ?
À l'échelle internationale se développe une norme ISO 20121 prévue pour l’été et dédiée spécifiquement au management d'un événement, quelque soit sa taille. Ce sont les Anglais et les Brésiliens (organisateurs des deux prochaines éditions des JO d'été) qui travaillent ensemble sur le sujet**. La France, terre d’événements, est-elle active à la table de la réflexion ? Je n’ai aucune information qui prouverait qu’elle le soit, ce qui montre encore une fois son intérêt pour ce type de certification. Certes, on voit apparaître quelques labels sectoriels (PrestaDD, dernier en date), dont les cahiers des charges semblent sérieux, mais je n’arrive pas à comprendre pourquoi on dépense de l’énergie à les créer et à les promouvoir, alors que l’ISO pourrait parfaitement apporter une réponse. Je ne veux pas croire que le coût (entre 2000 et 10000 euros, selon la complexité de l’organisation) soit un frein. Alors, chers professionnels de l’événement, qu’attendez-vous pour faire la différence et émerger ?

Stop aux discours d’intention éco-machins et place aux actions éco-responsables visibles. La France est assurément en retard. La crédibilité des donneurs d’ordres comme des opérateurs en dépend. Surtout dans un contexte de concurrence internationale.

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